Houéda : origine et rapport avec le python
Les Houéda sont des Yoruba d’origine Nago. On les appelle Houéda en Fon ou Asia en Yoruba compte tenu du caractère sacré et de la fonction précieuse de leur ethnie parmi tant d’autres dans l’aire cultuelle et culturelle Adja-Tado, Ké, Hun et Öyö.
Origine et sens du mot Houéda
Le terme Houéda vient de Houé (maison) et Da (cheveux). Littéralement Houéda signifie « dignité cultuelle d’une maison » ou de façon plus populaire on peut dire « coiffure d’une maison » qui est l’emblème de la prospérité. C’est une transcription linguistique du mot Asia ou Sia en Yoruba qui signifie « drapeau » en langue française. Mais de quel drapeau s’agit-il ?
Entre le XIIIe et le XIVe siècle, les Houéda ou Sia se distinguaient dans la communauté Yoruba grâce aux alliances cultuelles infaillibles qu’ils entretenaient avec leur ancêtre légendaire : le Python aussi appelé Dan ou Dangbé. Houéda (Asia/Sia) est donc le drapeau de Dan. Sa forme est rectangulaire, il ne comporte aucun motif ni dessin, et sa couleur est le blanc. Ajoutons que chaque communauté d’adeptes porte le drapeau de sa divinité, comme celui de Shango chez les Djigbénou ci-dessous.
De ce principe, il résulte un interdit ethnique chez les Houéda qui défend à toute descendance de porter atteinte d’une manière générale à la vie des serpents et à l’inverse aucun serpent quelle que soit son espèce ne doit pas mordre la descendance des Houéda. D’autres sources postérieures, à savoir les carnets de voyageurs, désignent les Houéda par des expressions telles que Juda (en portugais), Ouidah (en français), Whydah (en anglais), Whidaw (en néerlandais) par abus ou par déformations phonétiques.
Sens, contenu et fonction du signe racial des Houéda
Le sens de toute scarification raciale est identitaire, thérapeutique et intime pour chaque communauté dans l’aire cultuelle et culturelle Adja-Tado, Ké, Hun et Öyö. En général chaque scarification répond avant tout à une identité ethnique ou clanique. On distingue plusieurs types de scarifications à savoir :
- des scarifications cultuelles, ataviques et purement raciales
- des scarifications endogènes et cultuelles
- des scarifications cultuelles et princières
Des scarifications cultuelles, ataviques et purement raciales
Il s’agit de la plupart des incisions légèrement imprimées sur le visage des enfants ayant entre la tranche de 3 à 5 ans en guise de vaccination contre une maladie héréditaire, laquelle aurait affecté dans des années antérieures d’une population au départ de sa croissance démographique dans les premières années de sa fondation. Elles sont dites cultuelles compte tenu des clauses de fidélités et des rites d’intimités qui régissent le rapport d’alliance entre le savant découvreur de ce vaccin et son génie tutélaire ou son esprit assistant. Les scarifications raciales sont encore plus anciennes et se pratiquent très souvent devant des mausolées ethniques sur le visage d’un bébé avec l’impression d’un ou plusieurs signes légendaires de l’ethnie sur le corps. Il s’agit par exemple des Aguë, des Hwë, Hou, et des Obo ou des Ibo.
Des scarifications endogènes et cultuelles
Les scarifications sont dites endogènes et cultuelles lorsqu’elles ont un rapport caractéristique entre d’une part une divinité et d’autre part une ethnie, un clan ou une collectivité. Il s’agit majoritairement d’incisions identitaires d’ordre cultuel qui servent à distinguer des adeptes d’une des seize divinités maîtresses de l’aire cultuelle Adja-Tado, Ké, Hun et Öyö à savoir (Lêgba, Xêfiosso, Odoudoua, Sakpata, Ogou, Dan, Kinninssi, Yalodé, Yémanja, Obo, Azon, Ohwin, Ofo, Abikou, Ahoho et Toxossou). Les scarifications endogènes et cultuelles ont une vertu protectrice à double fonction : La sécurité sociale et morale et la sécurité sanitaire. Les porteurs des scarifications endogènes et cultuelles sont très souvent des militaires c’est-à-dire des hommes, femmes et des enfants dotés d’un pouvoir d’auto-défense. Ils appartenaient très souvent à une troupe de guerriers souverains lesquels au service des rois assuraient la protection des limites du royaume, la protection des personnes et des biens contre des envahisseurs.
Des scarifications cultuelles et princières
Réservées spécialement aux princes et princesses, elles permettent de distinguer la descendance d’une famille royale de celle des autres clans afin de limiter des dégâts liés aux mariages germains et l’apparition des crises inter-royales lesquelles pourraient engendrer des guerres entre des royaumes voisins. Des scarifications princières sont dites cultuelles pour d’autres raisons liées aux cultes des morts qui sont célébrés à l’occasion de leurs impressions sur le visage d’un prince nouvellement né tout comme elles servent à prévenir des dégâts liés au statut polygamique des rois et des princes dans les anciennes sociétés.
La particularité de la scarification Houéda
La particularité chez les Houéda c’est qu’elle assure une fonction protectrice contre l’attaque des esprits vampiriques, contre des maladies héréditaires et pour finir contre l’attaque des reptiles de toute sorte. A l’origine, les Houéda vivaient de la chasse, de l’agriculture et surtout de la médecine traditionnelle, un savoir qui leur a conféré jusqu’à aujourd’hui une très haute estime de la part des autres communautés traditionnelles. Entre le XIIIe et le XIVe siècles, les Houéda auraient été l’une des communautés les plus peuplées du Sud-ouest de l’aire Cultuelle et Culturelle AKHÖ. Compte tenu des besoins chroniques de l’époque et des moyens d’échange les plus pratiqués, on peut distinguer un facteur d’expansion démographique par don de fille en mariage dans le cas où il était nécessaire d’exprimer une profonde gratitude. Ce mariage donnait au clan bénéficiaire une occasion de voir sa population croître. La scarification des Houéda qu’on appelle encore les Dangbéklounon est de type 2 x 5 soit 10 segments verticaux répartis deux à deux avec une paire inscrite sur les différentes parties du visage à savoir : le front, les joues, le menton et 1 x 1 inscrit contre une partie de la joue proche de l’oreille. En ce qui concerne les obstacles pour la croissance démographique, il est à noter que l’ethnie Houéda a été l’une des plus dévastées par l’esclavage transatlantique à partir du XVIe dans l’aire AKHÖ. Avec le temps, les missionnaires catholiques venus d’Europe ont construit des édifices religieux, parfois juste en face des mausolées de cette ethnie sis à Houéda (Ouidah), à Hongbonou (Porto-Novo) et dans d’autres villes cosmopolites de l’ex-Obadanxomey (Danxomey), devenu plus tard le Bénin.
Avec la déportation de centaines de milliers d’Africains vers les Antilles et les Amériques, certaines coutumes ont pu reprendre, au moins un temps, même sous le joug de l’esclavage. Ainsi, l’étonnant compte-rendu de l’abbé Goux, curé du Carbet (Martinique) pourrait très bien évoquer la coutume de l’étendard ou du drapeau de divinités africaines dans les années 1820-1840 :
“Ces fêtes ont été très bruyantes, très brillantes, et se prolongeaient très avant dans la nuit. Les esclaves y étalaient tout le luxe dont ils étaient capables ; luxe auquel les maîtres contribuaient, en prêtant aux esclaves, bons sujets, leurs montres, chaînes, boutons, boucles d’oreilles, et quelques fois des robes de soie. Chaque tribu africaine avait son pavillon que portait la reine du Bal ; chacune avait sa danse particulière qui semblait n’avoir pas d’ordre, qui cependant était régulière en son genre. Outre ces danses, il y avait aussi des espèces de Baladins qui faisaient des tours de force surprenants ; c’était à qui ferait les sauts les plus périlleux ; j’en ai vu qui, étant debout, se lançaient, les pieds en l’air, et qui retombaient debout, derrière la place qu’ils occupaient. Ce tour de force se voit rarement en France ; d’autres nègres marchaient sur leurs mains, les pieds en l’air”.