Découverte d’une relique de guerre à Sodonou, dans la commune de Bonou.

La présentation de l’objet aux chercheurs a eu lieu, ce 21 juin 2018 en présence d’une délégation du Ministère de Tourisme, de la Culture et des Sports du Bénin. Il s’agirait d’un obus utilisé par les troupes françaises dirigées par le commandant Marius-Paul Faurax. Cet objet datant d’environ 126 ans vient d’être retrouvé dans le fleuve Ouémé, à hauteur de Sodonou, un quartier situé à 2 km de la tombe du commandant Faurax dans la commune de Bonou. Selon les propos recueillis sur place, la découverte de cette masse cylindrique de 500 grammes ravive la mémoire des habitants du village sur les souvenirs douloureux des deux grandes guerres coloniales qui ont eu lieu entre l’armée française dirigée par le Commandant Marius-Paul Faurax d’une part et les troupes noires, dirigées par Béhanzin, à la fois chef de guerre et roi des colonies britanniques du Danxomè d’autre part. Ainsi, le 19 novembre 1892, la conquête de l’ex royaume traditionnel de Wémè, aujourd’hui département de l’Ouémé, fut l’objet d’une terrible dispute entre les autorités négrières d’Agbomè et les autorités coloniales françaises.

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• Les causes internationales de la guerre de DOGBA. L’une des causes fondamentales restées sous entendue au sujet de la guerre de Dogba (Danxomè) est le refus d’adoption des décrets abolitionnistes de 1848 par les autorités britanniques qui étaient les premiers négriers à être présents sur les côtes des royaumes de l’aire culturelle Adja-Tado, Ké, Hun et Oyö plus tard pays sous l’appellation (Togo, Bénin, Badagri ou Nigéria). Alors que des négriers britanniques poursuivaient avec la politique de la déportation des Noirs vers des îles anglaises, les Français quant à eux, prônaient la domiciliation des esclaves. Il s’agit ici des statuts coloniaux favorisant l’exploitation des peuples wémè comme main d’œuvre pour l’accroissement de l’économie française par la mise en valeur de la vallée de wémè (Ouémé).

• L’intérêt de la France dans la guerre de DOGBA. Irriguée par le fleuve Wémè, le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, la vallée de l’Ouémé de par sa fertilité demeure le centre d’intérêt économique ayant motivé la France à organiser matériellement et à participer militairement à la guerre de DOGBA. Les pertes, quelle qu’en soit leur nature, avaient moins d’importance au regard des autorités françaises qui voulaient étendre abusivement leur protectorat déjà établi sur le Fort britannique d’Odjâ-tchë (Porto-Novo) aux royaumes de Wémè et à leurs voisinages. Même si la déportation de Béhanzin marque la fin des guerres de razzias, elle a été un climat regrettable pour le peuple Dahoméen exploité en entier comme main d’œuvre gratuite pour la fourniture des matières premières à la rizerie d’Oyo et aux huileries d’Agbada et celle d’Agonvi.

• Le protectorat français sur Porto-Novo Le protectorat français sur le fort britannique d’Odjâ-tchë devenu Porto-Novo, semble être la goutte d’eau qui a fait débordé la vase entre les autorités négrières d’agbomè (Abomey) et l’armée française. A ce propos, sa majesté Hwézêzoun, roi des collectivités unies de la commune Bonou s’explique :

Les autorités négrières d’agbomè ont cru que Toffa qui était pourtant leur neveu s’était gaillardement moqué d’eux, en acceptant le protectorat français au-dessus du fort britanniques d’Odjâ-tchë plus tard Porto-Novo. Il s’agit d’un délit qui dénote de la trahison ou de la traîtrise selon Béhanzin qui avait une forte armée équipée par des négriers britanniques pour le règlements des conflits internes au sujet de leur intérêt sur l’ensemble du territoire de Danxomè

Pour la même cause, l’histoire coloniale raconte : Ce fut que la France envoie un corps expéditionnaire, commandé par le Colonel Dodds, comprenant des marsouins, des tirailleurs indigènes et un bataillon de 825 hommes de la Légion Étrangère. Faurax, sortant volontaire pour cette expédition, débarque à Cotonou en août 1892 et prend le commandement du bataillon de légionnaires. Le corps expéditionnaire se dirige en direction d’Abomey, capitale de Béhanzin. Début septembre le Commandant Faurax et ses légionnaires établissent un point d’appui à Dogba ; le 19 novembre, en quittant Dogba pour progresser plus loin, le groupe du commandant Faurax est attaqué par environ 4000 guerriers de Béhanzin. Le combat est très rude, les guerriers de Béhanzin sont repoussés avec de lourdes pertes ; mais la colonne a aussi subi des pertes, dont Faurax atteint par une balle au côté. Evacué par une cannonière sur le fleuve Ouémé, il meurt dans la nuit des suites de sa blessure. Découverte d’une relique de guerre à Sodonou fait raviver chez des autochtones de la commune de Bonou la mémoire de milliers de guerriers Agboméens abattus par la troupe du commandant Marius-Paul Faurax dont la tombe continue d’être l’un des vestiges visible de cette guerre franco-dahoméenne.

A la vue de l’objet découvert le représentant du ministre Oswald OMEKY, en l’occurrence Félicien HOUNKANRIN, directeur départemental du Tourisme, de la Culture et des Sports rassure les habitants :

Au nom du chef de l’Etat et du ministre du Tourisme, de la Culture et des Sports, je remercie très sincèrement les pêcheurs et les exploitants des sables riverains qui ont su distinguer l’importance de cet objet pour la mémoire des victimes de la guerre de DOGBA. La tombe de commandant Faurax constitue à elle seule un chapitre de notre histoire nationale qui prend en compte la commune de BONOU. C’est pourquoi le ministre m’a instruit de venir constater en compagnie des chercheurs la portée scientifique de cet objet découvert. Nous pouvons vous assurer, sa majesté, qu’il s’agit d’un trésor historique très précieux qui aiderait les scientifiques à mieux situer les conséquences de cette guerre au statut si particulier dans l’histoire nationale du Bénin. C’est peut être, le moment de procéder à la recherche, à la documentation et à la valorisation des autres vestiges qui retraceraient davantage l’histoire des affrontements meurtriers qui ont lieu au Dahomey avant la déportation du roi Béhanzin

Noter qu’avant de partir, la délégation du ministre a recommandé au roi la protection rigoureuse de l’objet en attendant la prise d’une décision scientifique par le gouvernement à son profit.