Le festival des danses vodoun des couvents est désormais une réalité
Du 16 au 23 décembre 2015, les communes de la vallée de l’Ouémé vont vibrer aux rythmes des danses du couvent vodoun. Pendant une semaine, les adeptes et dignitaires de tous les cultes pratiqués dans les quatre communes de la vallée de l’Ouémé vont se regrouper autour des sujets “danses endogènes” et “histoire de l’aire culturelle et cultuelle Wémè”. Le festival des danses vodoun est une manifestation qui s’assigne pour mission la réactualisation des cultures endogènes malheureusement menacée de disparition et la médiation intergénérationnelle. C’est également un creuset de partage de savoir sur l’origine du vodoun, son évolution dans le temps et ses nombreux atouts pour l’histoire et la mémoire de l’esclavage en pays Wémè.
Une occasion unique d’en savoir plus sur le vodoun
D’après le coordonnateur du projet “route des royaumes de la vallée” et président du comité d’organisation du festival, M. Espoir WINSOU, ce festival des danses vodoun se veut être la seule opportunité pour les chercheurs, les anthropologues, les archéologues d’être en contact avec un grand nombre d’acteurs de la culture Wémè. Cette initiation vise à consolider les rapports entre les Jeunes et les Anciens et également de mettre en rapport ces derniers avec les chercheurs. En effet, plusieurs communications sont prévues pour être données autour du vodoun, les vestiges de l’esclavage découverts, qui témoigneront du caractère cosmopolite de cette région dotée d’un passé historique très agité.
Pour Dah-Ayïdji GBEHOUINNON, vice-président départemental de la communauté nationale du culte vodoun et vice-président du comité d’organisation du festival, ce sera une occasion unique pour mettre les pas et rythmes du couvent à la portée de la jeune génération à des fins de transmission et de conservation. “Sans rien désacraliser des rythmes des couvents du culte traditionnel, le festival des danses vodoun va permettre aux artistes de la musique traditionnelle du Bénin d’approfondir leur connaissance sur les rythmes et les percussions qui sont joués au sein de ces mêmes couvents vodoun” conclut M. GBEHOUINNON.
Quelques événements programmés au festival des danses vodoun
Au programme, le carnaval des fantômes “Zangbétö” et celui des adeptes des divinités vodoun pour la journée du 16 décembre 2015, discours d’ouverture du président du comité d’organisation et celui du maire de la commune d’accueil suivis des dignitaires, têtes couronnées et personnalités à divers niveaux.
Il faut noter que des échanges sur l’origine des danses des divinités de Sakpata, d’Iritcha, de Ochango, de Dan et des Egoungoun sont également prévus au programme !
Ainsi lancé, ce festival va permettre à la communauté Wémè et aux touristes venant de diverses régions de consacrer leurs disponibilités de fin d’année à l’ambiance festive.
C’est bien le thème autour duquel se sont réunis un groupe d’historiens, de magistrats, de chercheurs, de conservateurs de musée, d’universitaires nationaux et internationaux ce 30 novembre 2015. La rencontre a eu lieu dans le département de l’Ouémé et c’est la salle polyvalente de la mairie qui a servi de cadre pour cette journée de réflexion. Après les présentations des résultats de recherches entamées depuis 2005 sur les vestiges de l’esclavage dans les villages et hameaux de la commune, les participants ont examiné les traces matérielles et immatérielles de l’esclavage encore exploitables dans cette localité du Bénin.
D’après la géographie administrative présentée par les historiens et chercheurs, cette commune du Bénin est à cheval sur les bassins de la rivière Aguidi (affluent de la rivière nigériane du nom de YEWA), et du fleuve Ouémé. La rivière Aguidi jouit d’un régime d’écoulement ininterrompu. Elle bénéficie d’une grande dépression marécageuse, laquelle est traversée de plusieurs voies d’eau navigables à pirogue jouant un rôle prépondérant dans les transactions entre toutes les localités riveraines d’Avrankou (une très ancienne province du royaume Wémè et d’Ifangni et surtout le Nigéria (Oyo) qui était le fournisseur le plus proche en fer après le Ghana. Elle a pour superficie 112 km² et compte 60 112 habitants, répartis dans six arrondissements qui comptent 48 villages.
D’après Aubain HOUNSINOU, proviseur retraité du lycée Béhanzin et communicateur du présent comité de recherche, “les patrimoines matériels, à savoir la place Ahouanmantin, l’iroko Ahouansouloko, les chaînes de détention des esclaves et la rivière Mëdédjönou etc.. appuient incontestablement la participation de la commune d’Adjarra à l’esclavage local et transatlantique.”
Le tabou sur l’esclavage empêche toujours la parole de circuler
Dans son intervention de 30 mn, le proviseur rapporte que l’esclavage est un sujet tabou dans la tradition telle qu’elle se transmet à Adjarra compte tenu des différends susceptibles de rompre la cohésion sociale dès lors qu’on en parle. A en croire le communicateur, sur quarante personnes interviewées, c’est une seule personne qui a eu le courage d’avouer publiquement qu’il est descendant d’esclave. Il a donc fallu prendre appui sur les produits de la littérature orale à savoir les chansons, les proverbes et les panégyriques généalogiques avant de réaliser que la crainte de transgresser les tabous ancestraux est ce qui empêche les descendants de bourreaux et de victimes de s’exprimer librement sur cette partie de leur histoire familiale, bel et bien partagée dans le cercle privé mais indicible en dehors de celui-ci.
Le contenu des ces informations est pourtant ce qui permettrait aux chercheurs d’avancer dans leurs hypothèses de travail. Néanmoins, plusieurs informateurs ont affirmé clairement que les chansons et les proverbes constituaient pour eux des documents dans lesquels ils archivaient les faits dignes d’intérêt d’être transmis aux générations futures. En ce qui concerne ces chansons qui relatent des faits récupérables dans le temps et dans l’espace, le proviseur dans sa communication félicite au passage Fernand AGBAYAHOUN, l’actuel médiateur culturel de la préfecture des départements de l’Ouémé et du Plateau qui a effectué un effort louable en 2005 chez feu le patriarche Kinvoédo HONFO en sauvegardant une chanson de mémoire qui retrace les faits esclavagistes au sujet de la place Ahouanmantin.
De la mémoire vers l’auto-censure, un processus à inverser
Le communicateur n’a pas fini son intervention sans signaler l’importance des panégyriques généalogiques appelés AKÖMLANMLAN en Goun et ORIKI en Yoruba. Tous les informateurs s’accordent à dire que les panégyriques claniques doivent leurs origines à l’ingéniosité des ancêtres fondateurs des groupes lignagers et de ce point de vue, le proviseur dit que le panégyrique clanique serait né du souci des tout premiers ancêtres de transmettre à leurs descendances les événements marquant la genèse de leurs groupes et de leurs rapports avec d’autres. A l’origine donc, le panégyrique a été constitué d’une à deux phrases situant l’ancêtre, ayant vu le jour dans un contexte socioculturel particulier. Par la suite, sont venus s’ajouter au fil du temps, les acquis sociologiques des peuples. Donc le panégyrique représente pour les lignages, toutes proportions gardées, à la fois, leurs registres historiques, leur dictionnaire des us et coutumes et celui des rites conçus par et pour le groupe…
Le rôle occulte dans les panégyriques
La déclaration du proviseur au sujet des “tabou” qui est une méthode d’autocensure de l’information au sujet de l’esclavage va être appuyée par Pierre D. AHIFFON, magistrat à IPF de Porto-Novo. Pour soutenir ce qui a été dit, le magistrat prend l’exemple des cas des jeunes filles togolaises, béninoises et même ghanéennes que trafiquent certains sur le Nigéria à des fins de prostitution, après avoir accompli des pactes de sang devant des fétiches. Cette technique qui sert à dompter, mystiquement parlant, l’esprit d’un serviteur devrait son statut aux pratiques esclavagistes qui étaient censées permettre aux maîtres de s’assurer la docilité de l’esclave dès sa capture jusqu’à sa livraison aux marchands européens. Ainsi, à la dimension du tabou de l’esclavage vient s’ajouter le secret des pratiques occultes qui verrouille encore davantage la pensée et la parole du détenteur du savoir panégyrique.
Objectifs conclusifs du séminaire esclavage transatlantique à Adjarra
Comme l’essentiel à retenir, le présent séminaire vise à immortaliser dans un document écrit les patrimoines immatériels et matériels de l’esclavage transatlantique ou local découverts sur le sol d’Adjarra en vue de leurs pérennisations pour le développement culturel et touristique de la commune en particulier et de celui de tout le Bénin en général.
Le Maire et son conseil communal se disent être prêts à accompagner le projet jusqu’à sa finalisation.
Il faut noter que ce séminaire a reçu la participation de nombreux éminents professeurs en histoire tels que Mme ALICE BELLA GAMBA, venue d’Italie, ADANDE Joseph et des conservateurs de musée tels Noël Cossi AGOSSOU, Albert HOUNKPEVI, Didier J. U COMLAN sans oubliés Gildas DOHOUNKPAN, pour le compte de l’ONG Symbole de l’Amitié, pour ne citer qu’eux.
Dans le cadre des activités de sensibilisation des rois du Bénin sur les objectifs du projet PTRESDE les membres de l’ONG SYMBOLE DE L’AMITIE ont rencontré ce mercredi 22 juillet 2015 sa majesté RAFIU ADEBO ONIFADE ADEWADJOYE ANIWADE II, roi d’IFANGNI, commune située au sud-est du Bénin, et préfecture du département du Plateau. C’est dans la salle d’accueil du palais que Bernard DOSSA, président du Bureau exécutif de l’association des jeunes universitaires regroupés autours des objectifs culture et histoire du Bénin, a expliqué au conseil de la cour royale d’Ifangni la fondation du projet PTRESDE et ses attentes.
En effet, le projet PTRESDE se définit comme la Poursuite des Travaux de Recherches et d’Enregistrement des Sources (orales, archives, archéologiques, lieux de mémoire) sur les Dahoméens en Esclavage. Il s’agit d’un projet d’envergure nationale dont le coût global est estimé à environ 75 millions de francs CFA. Il a pour objectifs, d’une part le rassemblement et la sauvegarde des sources orales de l’histoire que chaque famille de l’ancien Dahomey (aujourd’hui Bénin) détient au sujet de leurs filles et fils victimes de l’esclavage transatlantique, et d’autre part, la réactualisation des panégyriques claniques qui reste une source indispensable à la mémoire de l’esclavage au Bénin.
Le président de l’ONG a souhaité que le projet PTRESDE soit ambitieux. Ses objectifs sont fixés pour 3 ans au minimum et prendront en charge toutes les 77 communes du Bénin. Le projet PTRESDE, à travers ses activités de collecte, de réactualisation et de sauvegarde, vise à transposer les sources orales par écrit, procédé qui semble être le meilleur moyen de préservation de l’histoire et de la mémoire des familles béninoises au sujet de l’esclavage au Dahomey.
A compter du mois d’août 2015, l’ONG Symbole de l’Amitié, à travers le projet PTRESDE, s’assigne la mission de poursuivre ses enquêtes sur les dahoméens victimes de l’esclavage afin de compléter la base de données déjà disponible sur notre site internet www.symbole-amitie.com à 20 000 noms au minimum. Pour le moment, seuls 6 565 noms y sont inscrits.
Après le Président de l’institution, c’est à moi, Célestine d’ALMEIDA, trésorière générale de l’ONG, d’expliquer à la cour royale d’Ifangni que l’exécution du projet PTRESDE permettra non seulement de rendre un nom, une identité, une histoire, presque un visage à des milliers de déportés, mais aussi d’établir un lien solide avec des noms antillais datant de l’abolition de l’esclavage transatlantique. Sa majesté RAFIU ADEBO ONIFADE ADEWADJOYE ANIWADE II m’a écouté respectueusement et il a bien compris que l’ONG Symbole de l’Amitié, à travers son savoir faire et ses expériences précédemment acquises, aura sur trois ans le devoir d’aller à la rencontre de la population âgée des villages, notamment des griots, des chefs de couvent et de cultes, des rois et les adeptes de la tradition vodoun etc. pour la collecte des quelques bribes de l’histoire qui reste à chaque famille dahoméenne victime de l’esclavage transatlantique. L’atteinte des objectifs fixés par la PTRESDE est un devoir de longue haleine dans des conditions d’hygiène et de confort difficile ; mais c’est aussi une occasion unique pour les étudiants des universités du Bénin, qui choisiront notre institut comme lieux de stage pendant la préparation de leur thèse de mémoire, d’être sur le terrain et de participer à la recherche avec les cadres du groupe. A la fin de mon allocution, j’ai profité de l’occasion pour expliquer à sa majesté RAFIU ADEBO ONIFADE ADEWADJOYE ANIWADE II, le rôle indispensable des pouvoirs locaux, à savoir les têtes couronnées, les chefs de cultes, les patriarches de familles et autres, dans la réalisation de ce projet.
Pour le roi d’Ifangni, sa majesté RAFIU ADEBO ONIFADE ADEWADJOYE ANIWADE II, le projet PTRESDE a des objectifs qu’il faut concrétiser à tout prix car il s’agit là de l’histoire et de la mémoire de l’esclavage pour laquelle aucun acteur de la traidtion, aucun responsable politique ou religieux n’a besoin de se faire prier. “Mon seul doute, est que chaque jour que Dieu fait, ces vieillards dont vous avez besoin pour bien faire votre travail meurent de même que les griots qui détiennent et peuvent vous fournir ces récits dont vous avez besoin. Pour ma part, le projet PTRESDE peut compter sur ma responsabilité très ouverte sans oublier celle de mon conseil royal pour l’exercice de ces activités sur le territoire d’Ifangni (Bénin) jusqu’à Ifangni-Têdo au Nigéria où sont installés une partie des miens à cause des atrocités de l’esclavage à l’époque.” a déclaré le roi d’Ifangni. Il a donc exhorté le président de l’ONG SYMBOLE DE L’AMITIE et son équipe à tout faire pour le rassemblement du budget à travers la demande des subventions de l’Etat et des partenaires privés qui reconnaîtront la portée humaine et scientifique de ce projet.
Démarré à 11 heures 19 minutes cette séance de sensibilisation de la cour royale d’Ifangni a pris fin à 16 heures 30 minutes.
La cour du roi d’Adjarra
Notons qu’après cette rencontre des membres de l’ONG SYMBOLE DE L’AMITIE avec la cour royale d’Ifangni, c’est à la cour royale d’Adjarra d’accueillir ce 01 Août 2015 la même tournée d’explication sur les objectifs du projet PTRESDE dans les palais royaux du Bénin. C’est avec beaucoup de bienveillance que le roi HOUETCHEHOUN KPOFFON d’Adjarra et sa cour royale ont accueilli l’équipe de sensibilisation de l’ONG SYMBOLE DE L’AMITIE venue pour les informer sur les objectifs du projet “Poursuite des Travaux de Recherches et d’Enregistrement des Sources sur les Dahoméens en Esclavage”.
Cette séance de sensibilisation qui a lieu dans la salle polyvalente du palais royale d’Adjarra a connu la présence de plusieurs dignitaires dont ZOSSOKLUNON Togbokandji, KOUDOKPODE Adantoklunon Houdji, GOUDINWESSI Tchangossi et MIDINGBEDO A. Michel pour ne citer que ceux-là puis des ministres et gardes du roi tels que : KPINKPONSSOHOU Hounsouwé, KINVOEDO Gbenanto, AGBODAMAKOU Godonou, ALOWOUTADE Joseph, KOVOEYAN Michel et GBEMENOU François etc…
Désigné par le roi, Michel KOVOEYAN prenant la parole à aborder brièvement l’histoire de la fondation du royaume avant de finir par l’épisode de l’esclavage sur le territoire d’Adjarra.
A entendre les uns et les autres, une maison dont les murs existent jusqu’à nos jours à Adjarra aurait servi de lieux de détention et d’échange des otages pour l’esclavage. (Voir la photo ci-dessous).
Cette maison en ruine située à Adjarra aurait servi de lieu de détention et d’échange durant l’esclavage
Fabrice OGATCHIN, le Directeur Exécutif de l’ONG, s’est réjoui du fait que tous les membres de la cour royale d’Adjarra ont accepté de coopérer à l’atteinte des objectifs fixés par le projet PTRESDE. Selon eux, l’ONG SYMBOLE DE L’AMITIE, à travers ce projet, cherche non seulement à identifier les Dahoméens partis en esclavage, mais aussi, vise à bâtir le pont entre les antillais et leurs ancêtres africains.
En tant que trésorière du groupe, je vous communique les coordonnées bancaires de notre ONG si vous souhaitez nous soutenir dans nos travaux. Tous vos dons sont importants, même les plus petits. Merci par avance.
Afrique, esclavage et patrimonialisation sont trois mots-clés qui ont marqué le colloque des 21 et 22 mai 2015 sur le thème de « la patrimonialisation de l’histoire et de la mémoire de l’esclavage : du local au global ». Organisé à Pierrefitte-sur-Seine conjointement par le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE), l’Institut National du Patrimoine, les Archives Nationales, le ministère des Outre-Mer et le ministère de la Culture, le programme a permis l’exposition de nombreux travaux, la rencontre et le débat autour du projet de patrimonialisation.
Ce colloque a été pour moi un creuset de donner et de recevoir sur les efforts à fournir pour la mémoire de l’esclavage dans le monde entier. C’est l’occasion pour l’ONG Symbole de l’Amitié d’être en contact permanent avec le reste des acteurs de la patrimonialisation, ce qui pourrait faciliter la construction d’un pont entre les traditions dahoméennes et celles des pays où l’esclavage était à l’oeuvre il y a encore seulement un siècle et demi.
J’ai donc été convié à m’exprimer sur nos recherches au Bénin grâce à Mme COTTIAS et à toute l’équipe du CNMHE que je remercie de tout mon cœur. Un grand merci aussi pour l’accueil qui m’a été réservé par l’auditoire et les autres intervenants.
Voici l’intégralité de mon intervention présentée pour le compte des Dahoméens déportés en esclavage :
Origine de la base de données « à la recherche des Dahoméens en esclavage »
Colloque Patrimonialisation de la mémoire et de l’histoire de l’esclavage à Pierrefitte-sur-Seine
Pourquoi avons-nous décidé de rassembler des informations sur l’esclavage ?
La mémoire est portée par la tradition vodou. Si nous avons encore quelques bribes de souvenirs de l’histoire de l’esclavage c’est grâce surtout à l’enseignement très ancien de la communauté des adeptes de vodou. Ces derniers avaient l’habitude de passer un long moment dans les couvents à étudier le passé des héros de leur famille ou de leurs collectivités d’où cette transmission intergénérationnelle jusqu’à nos jours.
Qui sommes nous ?
Je représente un groupe de jeunes étudiants de l’université Abomey-Calavi au Bénin qui s’est formé en 2006 autour des objectifs culture et histoire de notre pays. L’idée nous est venue dans un premier temps de documenter l’oralité par écrit. Au cours de nos activités de recherches, nous avons constaté que les panégyriques claniques détiennent toujours l’histoire de vie des aïeux, des moments de célébrité et de déclin des royaumes, les affrontements et les noms et détails de vie de leurs progénitures victimes de l’esclavage. Chaque famille détient sa partie de l’histoire au sujet de l’esclavage. Il a donc fallu aller à la rencontre des responsables de familles (griots, patriarches, reines mères, adeptes du vodou, etc.) Chemin faisant, nous avons regroupé toutes ces informations sous la forme d’une base de données que nous avons mise en ligne sur notre site internet. Actuellement, la base compte plusieurs milliers de noms et de détails fournis par ces personnes ressources qui sont les gages de la tradition. Nous avons décidé de faire confiance au fonctionnement traditionnel de la transmission orale et d’aller au bout d’un objectif de 10.000 noms. Cet objectif est presque atteint mais il n’est qu’un petit échantillon de ce qui peut se faire au niveau du Bénin dans la quête des détails relatifs à la mémoire et à l’histoire de l’esclavage. Nous avons maintenant acquis un savoir faire et un savoir être avec la population que nous pouvons utiliser désormais pour continuer la récolte de ces informations. Et pour parvenir à ce résultat, nous avons dû passer par de nombreuses difficultés que nous avons réussi à surmonter tant aux niveaux matériel, physique que psychologique.
Réalisation du projet sur le plan matériel
La mise en œuvre du recueil des données sur le terrain nous a demandé une organisation exceptionnelle d’abord au niveau matériel. Nous avons dans un premier temps élaboré un questionnaire unique de 27 questions que nous avons soumis à chaque personne interrogée (déclarant). Les réponses à ce questionnaire se sont avérées gourmandes en temps mais néanmoins nécessaire pour permettre au déclarant de se confier à fond. Nous avons du monter des équipes d’étudiants que nous avons formés et déplacés dans les villages ce qui demande une logistique bien étudiée. En effet, nous restions 2 à 3 semaines sur place avec l’accord des rois, des chefs de villages et autres personnes influentes. Il a été question de coût de transport, de nourriture, de prime aux stagiaires, d’eau potable, de couchage (tente de camping), de matériel de bureau et d’informatique, de clé de connexion internet, de groupe électrogène, de trouver de l’essence, sans parler de conditions météos souvent peu favorables, de conditions sanitaires difficiles avec les mouches, les moustiques, etc. Ensuite, il a fallu interpeller la population en payant le gongonneur (crieur public) et répondre quelques fois aux usages traditionnels de visites aux personnes âgées (boisson et fruit de Kola). Le rapprochement avec les personnes du troisième âge (griots, patriarches, reines mères, adeptes du vodoun, etc.) consiste à restituer les informations que chacun détient à son niveau selon les récits qui lui ont été transmis par ses aïeux. Cependant, cela n’est pas sans conséquences. En effet, nous verrons plus loin qu’une partie de la population est opposée à la révélation de ces détails de l’histoire.
Réalisation du projet et difficultés liées à la mémoire de l’esclavage
– Formation poussée des stagiaires, sur les notions de couvent du vodoun, des codes utilisés par les adeptes et dans le domaine de l’animisme au Bénin.
– Réserves des personnes ressources
– Sentiments négatifs entremêlés. Difficultés liées au matériel traumatique psychologique. Surmonter les craintes, la peur de se confier ou de communiquer des informations sensibles (tabou), afin d’éviter de raviver des tensions sociales. Nous rassurons les déclarants sur l’utilisation positive des informations qu’ils nous confient et nous signons une charte de confiance à ce sujet pour leur prouver que nous sommes très rattachés à leurs consciences.
Urgence
Pour nous, plus le temps passe, plus la mémoire de l’esclavage se perd. Le décès des vieillards entraîne une perte d’une partie de la mémoire de l’esclavage, puisque c’est l’oralité qui porte seule la mémoire de l’histoire familiale africaine.
Nous regrettons de ne pas avoir suffisamment de moyens pour mener cette enquête à plus grande échelle et couvrir toutes les campagnes du Bénin et de sa région. J’en profite pour solliciter les partenariats d’une part et la collaboration d’un ou des doctorants en histoire de l’esclavage qui pourront utiliser la base de données des « Dahoméens déportés en esclavage » d’autre part.
Patrimonialisation
Le passage de la mémoire dahoméenne, en tant que souvenir douloureux, à la patrimonialisation, signifie abandonner les sentiments négatifs (honte, haine, etc. de voir sa collectivité ou ethnie dépeuplée par telle ou telle autre ethnie, ou encore l’exploitation interraciale internationale qui a eu lieu à travers le commerce triangulaire) liés au traumatisme toujours vivace dans la population et aller vers une intellectualisation apte à apaiser la tension sociale à ce sujet. Parvenir au passage du local au global demandera du temps. Car l’élargissement des enquêtes de collecte des victimes africaines pour l’accroissement de la base de données au plan national et international serait indispensable pour valider la patrimonialisation du souvenir et de l’histoire de l’esclavage au Bénin et par extension dans le monde. La principale difficulté réside dans les sentiments douloureux qui empêchent les familles africaines de livrer leur petit bout d’histoire, qu’ils considèrent comme une partie intime et secrète d’eux-mêmes, à un dessein plus grand. La patrimonialisation du souvenir et de l’histoire de l’esclavage doit forcément passer par le pardon local mais non par l’oubli.
Ne serait-il pas important d’étudier à ce stade les concepts de vie des Dahoméens déportés en esclavage ? Au fond, qui étaient ces gens ?
Concepts de vie des Dahoméens déportés en esclavage
La base de données nous permet d’avoir un aperçu d’un groupe dont nous pourrions dégager certains aspects. Qui étaient ces gens déportés ? Nous pouvons répondre sur les plans ethnique, religieux, culturels, professionnels, philosophie de vie (relation entre eux, relations avec la Nature, les croyances et autres concepts, notamment surnaturels etc. enseignés dans les couvents dès l’âge de 5 ans jusqu’à 12 ans environ). L’immense majorité des déportés Dahoméens étaient porteurs de toutes ces connaissances et de ces cultures. La distance ne les empêchait pas d’envoyer des messages à leurs parents au pays natal à travers la terre en martelant sol. Nous avons un très bel exemple, le cas des Ibos décrits par le Chevalier de Fréminville en 1822 à Fort-Royal ou Fort de France. Je cite le Chevalier :
« En attendant que la santé des Ibos de l’Amélie leur permettent d’effectuer ces durs travaux, on pouvait les voir, sur le quai de la « rivière à Madame », danser au son de leurs instruments », dit-il dans son journal au soir du 12 juillet 1822.
« … je fus ensuite me promener sur le rivage dans une anse de sable au pied de la colline sur laquelle est bâtie la maison de campagne du Gouverneur…En revenant et passant sur le quai de la ville, je m’amusai longtemps à considérer les danses extraordinaires de plusieurs nègres récemment arrivés d’Afrique. Ils avaient été pris par la corvette du Roi la Sapho, sur un bâtiment qui avait été faire frauduleusement la traite au vieux calabar dans le royaume de Bénin. M. de la salle d’Halader, commandant de la sapho, ayant saisi ce bâtiment, l’avait conduit avec tous ces nègres au Fort-Royal où le tout avait été confisqué et les nègres déclarés libres, mais destinés aux travaux du Gouverneur dans la colonie. Il y en avait une centaine, tant hommes que femmes. Ils étaient logés et nourris tous ensemble dans une grande maison sur le quai près le boulevard Donzelot. Chaque soir, ces malheureux se réunissaient après leur ouvrage pour rappeler par leur danse nationale les souvenirs de leurs pays natal. Cette fois, je me trouvai sur le lieux au moment où ils se livraient à leur exercice favori. Les hommes et les femmes dansaient séparément et, dans la danse des femmes, il n’y en avait qu’une seule qui agissait. C’était toujours une des plus jeunes. Une grande négresse chantait en battant nonchalamment la mesure avec les mains. Les autres, rangées en cercle, battaient pareillement la mesure qui était assez lente. »
Cette description est très parlante pour nous au Bénin. Tout d’abord, ces Ibos sont de religion Odoudoua et les deux sortes de rythme des mains formulent les beats de la musique chinckounmè ou Avizinlin jouée au Bénin lors des obsèques.
C’est bien une manière pour ces Ibos de rendre hommage aux leurs décédés au cours de la longue traversée de l’Atlantique. C’est aussi l’attachement de l’Africain à ses défunts.
« La danseuse, placée au centre du cercle, trépignait en faisant mille contorsions et prenant mille postures bizarres, tantôt debout, tantôt à quatre pieds. Quand elle est fatiguée une autre la remplaçait. La chanteuse fut constamment la même et je lui entendis chanter successivement plusieurs airs différents. La musique en était triste et il y avait des refrains très fréquents. Comme les paroles étaient dans la langue naturelle des nègres de Bénin, je n’en pouvais comprendre un mot. Cependant, aux gestes de la danseuse, il me sembla que la finesse de sa pantomine consistait à imiter ceux de différentes espèces d’animaux. Ce qui me parut le plus singulier était la gravité et le sérieux de toutes les actrices de ce bal africain et le flegme avec lequel elles battaient leurs mains l’une contre l’autre et ne paraissant éprouver ni gaîté, ni plaisir. »
« La danse des hommes était fort différente quoiqu’ayant aussi le même caractère sérieux. Ils marchaient en rond à la file l’un de l’autre sans faire aucun geste bien remarquable. Au centre étaient les musiciens au nombre de sept. L’un tirait de temps à autre quelques sons d’une espèce de flageolet de bambou. Les autres frappaient des coups mesurés avec de vieux morceaux de ferrailles ou des fragments de pots cassés qu’ils heurtaient l’un contre l’autre. A une certaine intonation de flageolet, tous les danseurs se mettaient à quatre pieds et frappaient la terre avec leurs mains. »
C’est-à-dire que ces Ibos, tout en manifestant leur haine, envoient des messages de colère contre les responsables de leur situation au pays natal à travers la terre. Et cela dénote de la formation qu’ils ont reçue au couvent sur le fonctionnement surnaturel du sol et les pactes qui les relient à leurs terres natales. En retour, ils sont soutenus par leur famille à travers des prières et des sacrifices comme le Ahouangou et le Togö dans certains royaumes du Bénin. Les différentes étapes du rite Ahouangou dans les royaumes de Djigbé et Ké participent aux renforcements d’énergie physique chez les filles et fils du Bénin déportés tandis que celles du Togö dans le royaume de Wémè permettent l’enlèvement de deuil des filles et fils du Bénin morts en esclavage. Toutes ces manifestations se résument à invoquer la colère de la nature contre leur maître. Je vous invite à suivre un extrait des rythme de feu l’artiste Koumangnon Amagnon sur la colère des africains contre l’esclavage :
MUSIQUE KOUMANGNON AMANGNON
« Ils se relevaient ensuite et continuaient leur procession d’un air aussi mélancolique que s’ils eussent été à des funérailles.
Tous les nègres étaient tatoués de différentes manières. »
Nous aurions pu préciser de quelle famille, de quelle classe et à quel rang appartiennent chaque Ibos vus par le Chevalier de Fréminville, si ce dernier avait décris avec précision les incisions et les tatouages. Mais il est indispensable de prouver que les Tatouages dans la tradition vodoun permettent de distingués le rang social, l’appartenance ethnique et la performance guerrière de chaque adeptes, car, les couvents de vodou étaient en même temps au service des rois et de la culture.
« Plusieurs s’étaient fait sur le visage des cicatrices qui leur donnaient une figure horrible. Ils n’avaient ni la haute stature ni les belles proportions des Yoloffes que nous avions vus au Cap-Vert. Ils étaient aussi beaucoup moins noirs quoi qu’ils vînssent d’un pays situé presque sous la ligne… ».
Conclusion
La poursuite des enquêtes de collecte des Dahoméens victimes de l’esclavage s’inscrit parfaitement dans le processus de patrimonialisation du souvenir de l’histoire de l’esclavage. Même s’il n’est pas simple à cause du ressentiment général, le passage du local au global, nous permettra d’apporter de nouveaux points de vues. L’exemple des Ibos observés par le chevalier de Fréminville démontre que le regard culturel africain complète le point de vue purement descriptif de l’observateur occidental. Les danses et les chants des Ibos prennent alors tout leur sens et il serait profitable de confronter les archives occidentales aux réalités que traduit la base de données qui est en cours d’accouchement par l’oralité africaine. Tout faire pour prendre en compte la toute petite partie de l’histoire de chaque famille africaine qui apporte sa pierre à l’histoire globale de l’esclavage paraît indispensable au projet de la patrimonialisation.
La communauté des religions traditionnelles du Bénin a célébré ce 10 janvier 2015 la fête du Vodoun. Pour les départements de l’Ouémé et du Plateau, c’est la commune de Kétou qui a été choisie par le conseil départemental des dignitaires du culte vodoun pour abriter les manifestations. Instituée en 1994 par le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO, la fête du Vodoun est commémorée chaque 10 janvier sur l’ensemble du territoire national. En effet, la date du 10 janvier est fériée et payée sur tout le territoire national, ce qui permet aux adeptes, aux chercheurs et aux touristes venus de divers horizons de vivre la quintessence de l’événement.
M. Simplice DOSSOU CODJO, ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et des cultes, a placé l’édition 2015 sous le signe de la tolérance, de la sagesse et de la fraternité inter-religieuse.
Loin des aspects festifs de l’événement, la principale vocation du Vodoun est de protéger ses adeptes contre les forces du mal et d’assurer la sécurité de leurs biens contre les malfaiteurs. Selon Titilayö GBËNOUKPO, le président de la coordination départementale de l’Ouémé et du Plateau, chaque divinité du panthéon vodoun joue un rôle indispensable dans la vie de ses adeptes. En respectant strictement les prescriptions du Vodoun, l’adepte jouit des avantages comme la santé, la richesse, la célébrité et la longévité. Malheureusement, les rites et secrets ancestraux qui permettent d’entrer en relation avec un ensemble de dieux s’effacent petit à petit face aux religions exogènes introduites au Dahomey longtemps après le Vodoun.
Origine et arborescence du Vodoun
Aux alentours du XVème siècle, les guerres de successions, devenues très récurrentes dans le royaume d’Ilé-Ifè (Oyo), ont entraîné la migration d’une partie de ses habitants vers le territoire dahoméen (le Bénin). Ils ont amené avec eux leur culte, le Vodoun. A part le roi Andé de Kétou (Plateau) et Agagnon de Ké (Ouémé), les premiers immigrants venus au Dahomey entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle se seront rendu indispensables aux traditions dahoméennes grâce leurs diversités cultuelles très riches en savoirs endogènes. Sur leur liste, on peut citer la tradition d’Ifèssouvi (fils d’Ile-Ifè) fondateur des royaumes de Togbota et de Fanvi dans la vallée de l’Ouémé.
Ainsi au Bénin, on distingue trois catégories de Vodoun :
– Les Vodoun d’origine Yoruba
• Xêfiosso, dieu de tonnerre ou dieu de foudre, il assure la sécurité et protège la famille
• Odoudoua, dieu de prospérité, il ouvre les portes de la célébrité et de richesse aux familles
• Egoun-Egoun, dieu des revenants, il rattache l’amour des vivants à celui des défunts
– Les Vodoun d’origine Dahoméenne
• Dan, dieu de la prospérité, de la richesse et de la célébrité né à Abomey sous le roi Houégbèadja
• Sakpata, dieu de la terre et de la variole né à Tchabê aujourd’hui Savè
• Toxossou, reine des eaux, née à Wémè (la vallée de l’Ouémé, dieu du bonheur et de la paix)
• Sêgbolissa, dieu du caméléon à Adja dans le Mono
• Ogou, dieu de la forge né à Wémè (la vallée de l’Ouémé) etc.
• Le Mamiwata, déese de la mer, née à Ouidah
• L’arc-en-ciel (Dan), dieu des couleurs et de la célébrité né à Abomey
– Les Vodoun d’origine Ghanéenne
• Tron Kpétö, dieu de la santé et de la célébrité
• Ganbada, dieu de la force et de la rapidité
• Atingualé, dieu de la fraîcheur et de la paix
L’expansion du Vodoun dans le monde entier, surtout en Amérique du sud et dans les Caraïbes sous l’appellation “vaudou”, s’explique par l’esclavage et la déportation outre Atlantique de ses victimes depuis les côtes africaines. Ce trafic a malheureusement prospéré, en partie parce que la tradition Vodoun fait un grand usage de perles et que les bijoux sont précieux pour les divinités. L’étape de troc des hommes contre des métaux ou des objets précieux au Dahomey vient illustrer un peu plus la soif de prospérité et le désir d’enrichissement dans l’histoire de l’humanité, faisant fi des principes du Vodoun qui visent à faire du bien, lorsque celui-ci est vénéré dans la vérité et la sincérité.
D’après Yaoïtcha Löbaloké, adepte et chef des couvents du Dieu Xêfiosso des départements de l’Ouémé et du Plateau, l’appellation vodoun vient de l’addition des expressions “Vô” et “dou“. Or en langue Wémè le son “Vô” se prononce Vor et signifie le sacrifice ; et “dou” est l’ensemble des 256 signes de la géomancie dahoméenne communément appelés fâ. Pour les traditions dahoméennes, le fâ est l’envoyé de Didassêgbo qui signifie Dieu le tout puissant en langue française. Partant de là, tout Vôdou ou Vodoun est synonyme de paix.
La date du 14 janvier 2015 est celle retenue pour la fête annuelle des populations de l’aire socio-culturelle de Wémè
C’est la commune des Aguégués, située au sud de la région, qui accueillera les manifestations.
Instituée en 2010, la fête annuelle de Wémè est synonyme de grandes retrouvailles et de réjouissances pour les filles et fils de la basse vallée de l’Ouémé. Prévue pour durer cinq jours à compter de ce 14 janvier 2015, les participants s’apprêtent à se rassembler autour de nombreuses activités artistiques et culturelles comme la danse des échassiers, le défilé des fantômes appelés Zangbétö ou encore le concert des groupes musicaux en tout genre. Des concours et des jeux sont organisés. Par exemple, le concours de natation sur le fleuve Ouémé oppose chaque année des concurrents où les trois premiers reçoivent des prix. Autre exemple, sur le plan artistique, les clubs de musique traditionnelle s’expriment et récoltent les soutiens, ce qui leur permet de faire connaître davantage leurs compositions.
Danse des échassiers (2014)
Outre les populations des communes de la vallée, c’est à dire Adjohoun, Aguégués, Bonou et Dangbo, la fête de Wémè est l’occasion de voir arriver du monde entier la diaspora des Wémènou. Déjà, le 19 octobre dernier, le président Antoine BONOU et son Bureau d’organisation étaient aux Aguégués où ils ont lancé en présence des maires de ces différentes communes les travaux d’aménagement des lieux. C’est l’arrondissement d’Avagbodji dans la commune des Aguégués qui servira de cadre aux manifestations. Pour limiter les accidents et tout autre choc, les participants pourront se rendre sur les lieux sans prendre par les voies fluviales. L’année dernière, c’était la commune d’Adjohoun qui avait accueilli les filles et fils des quatre communes de la vallée de l’Ouémé pour cette fête.
En dehors de la forte mobilisation qui fait le succès de cette fête chaque année, de nombreux invités, en l’occurrence les représentants des hautes fonctions du Bénin, font honneur à cette manifestation par leur présence.
Le pagne revêtu par les assistants de la fête de Wémè en 2014
Le pagne retenu pour l’ensemble des filles et fils et les amis de la vallée de l’Ouémé est déjà imprimé et sera mis en vente comme d’habitude dans l’ensemble du territoire national. D’après les organisateurs, le prix de vente unique du pagne devrait s’élever à 17.000 francs CFA et toute personne désireuse de faire un don ou une souscription volontaire peut se rapprocher de M. Antoine BONOU, président du Bureau d’Organisation, ou de sa vice-présidente, Mme Jeanne ADOUNSIBA.
La fête de Wémè participe au développement de la région
L’un des objectifs de la fête de Wémè est de collecter ces dons et souscriptions auprès des participants ou de toute personne désireuse d’apporter son soutien, et dont le Bureau d’organisation présente chaque année un rapport après la fête. Ainsi, les bénéfices sont utilisés pour des projets de construction de salles de classe pour les écoles de chaque commune ou pour des réalisations de projets médicaux ou hospitaliers dans les zones les plus déshéritées de la vallée de l’Ouémé.
En 2014, c’est l’école primaire publique d’Akpadanou dans Affamè commune de Bonou qui a bénéficié d’un joyau de trois salles de classe avec équipement.
En 2015, c’est le tour des Aguégués qui devraient jouir présentement de la construction d’une voie terrestre qui reliera l’arrondissement d’Avagbodji à la commune des Aguégués.
Apolitique et laïque, la fête des retrouvailles des filles et fils et amis de Wémè offrent des opportunités d’échanges conviviaux entre les enfants des quatre communes de la vallée.
Le roi Ké-Holou Agagnon III ajoute son nom à l’histoire du royaume de Ké
Au Bénin, dans la vallée de l’Ouémé, le trône du royaume de Ké n’est plus vacant depuis le 30 août 2014.
Ké est l’un des plus célèbres royaumes du Dahomey. D’après les récits historiques des sages Kplökplö Dandjinou, feu Oké Gou Laminou et feu Agbadjoumon Fadëgnon, ce royaume a été fondé par le prince Ojulani qui endossa alors le nom de Ké-Holou Agagnon. Le prince Ojulani était chef de culte et redoutable guerrier. Pourchassé par les Adja, il avait du quitter sa région natale d’Ile-Ifé, et s’exiler à Kétou puis à Késonu (Kessounou), dans un fond comprenant les fontaines Sotonou, Aïdégbè et le bassin du fleuve Wogbo. Finalement, à la demande de son frère Kinkpa, Ojulani rejoignit la plateau de Ké tout proche et devint le roi Ké-Holou Agagnon qui signifie “Ké est mieux par rapport à Késonu”
Le règne de Ké-Holou Agagnon a ensuite connu plusieurs années de luttes contre les nomades Yoruba et Fons. Pour la sécurité de son royaume, il finit par autoriser l’occupation des terres situées à l’est de son royaume par un guerrier transhumant répondant au nom d’Ago-Gnihwouan. Après le déclin du royaume de Ké, ce dernier s’auto-proclama roi.
Au fil des ans, le royaume de Dangbo devint indépendant. Un peu avant 1783, un successeur du nouveau royaume mena des guerres sourdes vis-à-vis des descendants de Ké-Holou Agagnon et parvint à étendre sa domination sur cette dynastie. Le trône restera vacant jusqu’à ce 30 août 2014 où la succession de Ké-Holou Agagnon est devenue effective.
Pour cette grande occasion, plusieurs rois sont venus de différentes régions du Bénin et du Nigéria. De nombreux notables et dignitaires des sept dynasties de Wémè étaient également présents à cette manifestation.
La nécessité de sauvegarder la tradition
Cette intronisation est aussi l’occasion de parler de l’une des facettes importantes des récits historiques que nous avons recueillis auprès des sages. Il s’agit de la déportation du premier fondateur du royaume de Ké par les Anglais. Or, la coutume de Ké honore chaque année la mémoire des déportés par des offrandes.
Cette déportation marquante a-t-elle renforcé cette tradition qui veut garder fidèlement la mémoire de ses déportés ? D’une façon plus générale, quel poids les 4 siècles d’esclavage ont-ils eu sur le renforcement des techniques mémorielles de la tradition orale ? Car au Bénin, cette oralité est capable, encore aujourd’hui, de faire resurgir des noms d’esclaves et de nombreux détails relatifs à la traite des Africains.
En d’autres termes, la perpétuation de ce folklore, patiemment mis au point au fil des siècles par les aïeux, revient à conserver les valeurs, les repères, le fil historique et identitaire de chaque famille, le chemin vers les fiers ancêtres de chaque collectivité, quelle soit Fon, Adja, Ewé, Gen, Mina ou Yoruba puisque le Bénin se trouve être un carrefour ethnique et culturel.
Retranscrire l’oralité, afin de sauvegarder le contenu historico-culturel de la tradition, est une des priorités de notre ONG.
Gardes et conseillers ésotériques assurant la sécurité du roi
Voici l’histoire de cet endroit insolite surnommé par les habitants “la rue de peine”. Nous l’avons apprise des sources traditionnelles que sont les contes, les chansons, les adages, ainsi que les lignes panégyriques datant des règnes de deux rois dont nous parlerons plus bas.
Cette “rue des peines” ou “chemin de peine des esclaves” n’est pas une formation naturelle. Ce passage été creusé en 1819 par l’homme à travers la roche. Auparavant, et depuis une époque reculée, les populations locales allaient s’approvisionner en eau potable au Nord-Ouest de Dangbo à plus d’un kilomètre du royaume de Ké et à moins 200 mètres du palais de Houéton, roi de Wémè. La fontaine surnommée Yëmiyë (aujourd’hui Sotö) était la véritable source qui satisfaisait les besoins en eau des royautés présentes sur le territoire de Ké.
Quant aux femmes de Dangbo, la cité du roi Ago-Mêdjê (1794-1835), elles avaient un seul itinéraire pour y accéder. Il s’agissait de la route qui partait de Djëkpa, un ancien centre d’échange de vivres, et qui passait devant la maison d’un certain Dobi, autrefois un grand sorcier, raconte l’histoire. Ce chemin est bordé à 30 mètres de-là par la grande forêt de la divinité Kpovi, laquelle est parsemée d’Iroko et habitée par des animaux sauvages qui apeuraient habituellement les usagers. A partir de cette forêt, une dense prairie s’empare des rebords de la voie qui débouche sur le palais du roi Houéton (1813-1828). Ensuite, tout le reste de la trajectoire suit une dépression géomorphologique assez forte et parsemée de débris de canaris (jarres) par endroits, et débouche finalement sur un bassin d’eau peu profond. (voir vidéo ci-dessous)
Voici le début des conflits ayant entraîné le roi Ago-Mêdjê à exploiter les esclaves pour la construction de cette rue escalier.
Il était une fois, dit l’histoire, une dame de la royauté d’Ago-Mêdjê revenant du marigot Yëmiyë posa le pied malencontreusement dans l’excrément d’un porc. Pour s’en débarrasser, elle se déchargea tout doucement de la jarre qu’elle avait sur la tête, prit un peu de son contenu et partit se laver le pied contre le mur du palais royal de Houéton qui était tout proche. Sans savoir que les gardes du roi Houéton la voyaient, elle dit à voix haute : “On dirait que les Wémènou, maîtres de ce palais, se nourrissent d’excréments porcins”. Le roi étant à la maison, les gardes partirent lui rapporter ce que venait de dire cette femme. Irrité, le roi Houéton ordonna qu’on lui ramena cette dame. Elle était géante comme les siens, tous au-dessus de la taille moyenne. Après s’être présentée au roi Houéton comme princesse venant du palais d’Ago-Mêdjê, elle n’a rien nié des faits pour lesquels l’autorité l’a interpellée. “va dire à ton père Ago-Mêdjê, lui répliqua le roi Houéton, que les habitants de mon palais se nourrissent des excréments porcins, mais les siens, des excréments bovins”. Avant, de la laisser, le roi Houéton, n’a pas omis de recommander à ses gardes de lui infliger quelques châtiments corporels. Une fois rentrée, cette princesse dont le nom n’a pas été retenu par la tradition, reporta les faits au roi Ago-Mêdjê. D’après le récit, elle avait été violentée et avait encore les meurtrissures de chicotes partout sur le corps.
Comme le décrivent les sources orales parvenues à notre époque, Ago-Mêdjê était un homme apparemment très grand, noir et si robuste que les siens le surnommaient Sogbovodoun c’est-à-dire sosie d’un dieu Oritcha. Mais malgré sa stature et les gages d’une armée très bien au point, Ago-Mêdjê ne put rien attenter contre Houéton protégé d’une part par les Anglais et de l’autre, par ses propres guerriers. A défaut de puiser l’eau de la Yëmiyë, les citoyens de Dangbo étaient alors obligés d’aller se servir au canal Blom ou à la rivière de Gnondötökpa appelée Mondötökpa de nos jours. C’est le point de départ des conflits entre Houéton et Ago-Mêdjê, le premier, onzième roi, dernier de dix générations de descendants des sept dynasties de Wémè, et le second, sixième au-dessus de la royauté d’Ago-Gnihwouan postérieure au royaume de Ké. Le canal Blom n’est distant que de 1,6 km de Dangbo. Mais alors que le Blom s’assèche chaque année, la fontaine Yëmiyë, elle, est intarissable.
Large et peu profond, le bassin est pratique pour ses utilisateurs
Les rois emprisonnaient les captifs de guerre qu’ils marchandaient aux Européens contre des armes. A Dangbo, le roi Ago-Mêdjê en était un des acteurs. Mais en attendant l’arrivée des Européens sur la lagune de Porto-Novo où ce commerce prospérait, le roi Ago-Mêdjê de Dangbo, condamnait ses captifs aux travaux forcés. La rivière Sotö et son palais étant séparés par deux kilomètres de reliefs rocheux, il a utilisé ses prisonniers pour aménager un chemin et creuser un passage long de plus de 150 mètres jusqu’au point d’approvisionnement. Une fois le percement réalisé, il n’avait plus qu’à obliger les futurs esclaves à franchir les marches glissantes de cette rue escarpée pour aller lui chercher de l’eau.
Une femme utilise l’eau du Sotö (anciennement la Yëmiyë)
Deuil dans la grande famille royale du Bénin. Le roi Gbaguidi Tossö XIII ne vit plus.
Selon les membres endeuillés de la cour royale du roi Gbaguidi Tossö XIII, “son décès est survenu dans la soirée du jeudi 18 septembre 2014 à la suite d’une crise d’asthme”. Intronisé en 2006 pour être l’ultime successeur d’une grande lignée sur le trône du premier roi et fondateur de Savalou, Soha Gbaguidi Ier, Dada Gbaguidi Tossö XIII aura passé huit ans à préserver la culture et la tradition des communautés Fon et Mahi de cette ville royale. Le monarque défunt avait fait du développement de Savalou son devoir personnel.
De ses réalisations pour la culture et l’histoire, on peut mettre à son compte le “panthéon de la résistance africaine” qui est un monument érigé en mémoire des déportés africains du continent tout entier, car le roi était également un pan-africaniste convaincu. Son panthéon de la résistance africaine est un site touristique inauguré le 13 août 2014 et dédié à la mémoire des esclaves africains. Savalou est en effet l’une des villes du Dahomey dont la population a été particulièrement affectée par l’esclavage.
Le reportage de l’ORTB ci-dessous, consacré à l’inauguration du panthéon, peut être considéré aujourd’hui comme un hommage à ce défunt roi.
Au Bénin, les panégyriques claniques ou litanies de famille sont un développement oral du patronyme.
D’après les traditions Wémè, le panégyrique clanique rend compte de l’histoire des communautés. Il rend hommage aux personnes ressources de la tradition c’est-à-dire les patriarches et surtout les pères fondateurs de chaque communauté sans oublier les chefs de clans et des grandes collectivités. Dans certaines familles, le panégyrique clanique est réactualisé tous les six mois par les grand-tantes de famille encore appelées “reines-mères”. Autrefois, ce rôle incombait aussi aux griots mais la société change rapidement et cette tradition se perdrait si les reines-mères ne la perpétuaient pas. Ce sont donc des femmes de plus de 40 ans, membres et résidentes permanentes de leurs maisons natales qui suivent et veillent aux divers rituels propres à leurs familles. Le plus souvent, celle-ci sont désignées et couronnées par l’oracle (prêtre géomancien) sur l’ordre du chef de la collectivité ou de la grande famille.
La litanie de famille est également un facteur d’évaluation des événements ayant lieu pendant et après le règne de chaque membre ainsi désigné par l’oracle et couronné par la tradition pour être le premier responsable de la communauté. C’est la bibliographie des ancêtres et de leurs politiques de gestion des ressources qu’elle soit humaine, matérielle, naturelles et surnaturelles. Le panégyrique clanique a pour système de contrôle l’ensemble des tabous et interdits propres à une communauté dont la transgression engendre des châtiments surnaturels. En dehors des chants, des récits et des contes qui sont célébrés au clair de la lune, autour du feu, le panégyrique clanique jusqu’à cette heure-ci reste une ressource classique de l’histoire de plusieurs communautés du Bénin. Elle regroupe l’histoire de vie des aïeux, des moments de célébrité et de déclin des royaumes, les affrontements et les noms et détails de vie de leurs progénitures victimes de l’esclavage. Malgré la dispersion des communautés par des guerres ou par la rapide croissance de l’arbre généalogique, sans oublier les autres conditions d’exil, les émigrés conservent leur panégyrique clanique d’origine auquel ils rajoutent leur nouvelle histoire de vie. Dans certaines communautés, le panégyrique clanique est enseigné aux petits enfants pour leur permettre de se souvenir de leurs identités socioculturelles, ethniques, cultuelles, etc.
Abiola Félix IROKO, historien et professeur au département d’histoire et d’archéologie de l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin) avec qui notre groupe d’étudiants collabore (voir photo ci-dessus), a consacré aux panégyriques béninois une étude approfondie intitulée « Une littérature orale : le panégyrique clanique du souvenir » dans la revue Notre librairie, Littérature béninoise n° 124, Oct-déc 1995 pp 47-55.
Félix IROKO y définit le contenu du panégyrique clanique comme « riche d’enseignements de toutes sortes. Mieux que des registres paroissiaux ou n’importe quelle pièce d’identité civile, ils nous situent les collectivités humaines dans le temps, l’espace, le groupe au sein duquel elles vivent ; toute une philosophie de la vie sous-tend les panégyriques claniques. (…) Les panégyriques claniques du souvenir sont une littérature orale avec des règles précises ».
Partant de là, tout le travail de collecte de noms à partir des litanies mené par nos étudiants depuis septembre 2013 aura été de repérer et retranscrire les informations concernant les personnes déportées au cours des récits, chants, contes ou adages que les personnes ressources ont bien voulu partager. Le panégyrique est notre principale source d’acquisition des noms des Dahoméens déportés en esclavage et dont le résultat est consultable en ligne sur notre site.
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